Récit de Michel HERVE, Photos de Marie-Claude et Michel HERVE, VSPCrozon.
En cette fin de saison 2023 où l'heure est plutôt à remiser son vélo ou à se projeter sur l'année à venir, je vous propose de jeter un petit coup d’œil dans le rétro, à la demande pressante mais justifiée de Jean, sur cette 84ème Semaine Fédérale Internationale de Cyclotourisme, sous l'égide de la FFVélo, qui se déroulait du 23 au 30 juillet 2023 à Pont à Mousson, en Meurthe et Moselle (54), dans le Grand Est, petite ville de 15000 habitants environ.
Après plusieurs années sans participation, nous nous sommes inscrits, Marie-Claude et moi, à la Semaine Fédérale (SF) de 2023. Le principe est simple, c'est un rassemblement international de cyclos, parfois plus de 10000 personnes, et plusieurs circuits fléchés de longueurs différentes sont proposés chaque jour sur le principe de la marguerite autour de la ville organisatrice, ce qui permet au final de bien découvrir une région à hauteur de vélo et au rythme que l'on souhaite. La moyenne d'âge des cyclos n'est pas à première vue toute jeune mais on voit quand même un peu de jeunesse avec des familles entières à vélo, en tandem, en carriole..., l'imagination est grande et les attelages nombreux. On y côtoie également des vélos couchés bien sûr et de plus en plus de VAE aussi. Il y en a donc pour tout le monde et c'est ce qui en fait le charme de la SF et sa renommée plébiscitée. Accessoirement, on y retrouve des amis, de vieilles connaissances avec lesquelles on refait le monde, on rencontre de nouvelles personnes et je dois dire que c'est peut-être ce qui me plaît le plus... Bref, une semaine toujours dense durant laquelle on n'a pas le temps de s'ennuyer.
Dimanche 23 juillet : 1ère sortie ? Ho, doucement ! Le trajet, la fatigue, l'installation,... Eh oui, faut monter la tente en espérant ne pas en avoir oublié un morceau, surtout la notice de montage... Oui, pour se loger, nous avions opté pour la formule camping fédéral, un mode que nous apprécions, un peu rustique au dire de certains, mais une vraie ruche avec beaucoup de vie. A Pont à Mousson (PAM pour les locaux et les initiés), il y en avait au nombre de 3. En réalité, ces campings sont souvent des champs négociés en amont avec des agriculteurs et aménagés pour l'occasion à la suite d'un long travail de bénévoles. Le nôtre, pour cette fois-ci, était un terrain de rugby qui jouxtait l'usine locale, une aciérie qui fabrique les célèbres plaques d'égouts, enfin ces plaques en fonte pour la voirie, ce qui avait attisé notre intérêt initialement, comme quoi... Cette usine a connu ses années fastes il y a déjà longtemps et n'a pas échappé récemment à un rachat par des capitaux chinois... pour continuer à exister encore. D'ailleurs, malgré la maintenance annuelle d'été dont on nous parlait sans doute pour nous rassurer, je peux vous assurer qu'elle fonctionnait bien en cette fin de juillet car qui dit aciérie dit bruits importants, qui plus est, de bonne heure le matin. Mais cela importe peu d'ailleurs car le cyclo de la SF est généralement un lève-tôt qui aime partir à la fraîche, avant la chaleur de l'après-midi. De chaleur en cette fin juillet, il n'y en a pas eu, ce fût même humide voire très humide, venteux aussi, une vraie désolation pour les nombreux bénévoles toujours enclins à partager leur « amour » du pays aux touristes que nous sommes. Pour revenir sur les hébergements possibles, je rassure tout le monde, les camping-cars sont admis et nombreux mais on peut aussi opter pour du « dur », dans des lycées en dortoir, mais également chez l'habitant auquel cas il faut réserver bien à l'avance car c'est une formule appréciée. La tente est montée mais il fait pratiquement nuit, trop tard pour une sortie vélo.
Lundi 24 juillet : Notre 1ère sortie. Nous avons démarré tranquille, vers midi (oui, on déroge par rapport au cyclo type d'une SF...), en direction du village fédéral, où les circuits, fléchés chaque jour avec des couleurs différentes, débutent. Là, nous avons beaucoup discuté avec des bénévoles locaux car c'est un excellent moyen de prendre la mesure de l’événement... Et donc, beaucoup moins de participants, environ 5000, le Covid est aussi passé par là, une météo annoncée mitigée et donc une déception perceptible et bien compréhensible après tant d'investissement. Vrai départ à vélo ensuite vers le Sud-Ouest alors que de nombreux cyclos finissent leur parcours selon le cas de 50, 70, 90, 120 voire 150km mentionnés P1 à P5 sur les cartes de route fournies dans notre packaging de SF reçu lors de notre arrivée. A peine sortis de PAM, une très grosse averse nous tombe dessus nous obligeant à nous abriter, faudrait pas prendre froid dès le premier jour. Après un long moment d'attente, retour au camp de base pour ce qui me concerne, MC persévérant sous la pluie. Un bilan un peu maigre, 14 km en 2h mais c'était une reprise...
Mardi 25 juillet : 2ème sortie. Là, on part plus tôt, enfin un peu plus tôt et surtout on ne s'arrête pas discuter... On sort de PAM, direction vers le Nord-Ouest, sur une grande route rectiligne, sans grand charme... Très vite, encore une averse, on s'abrite un moment comme on peut, c'est à dire mal, et comme on est optimiste car on a aperçu un peu de gris dans le ciel, on repart mais la météo ne s'améliore pas du tout, au contraire. Nous ferons notre petite virée sous une pluie constante, ce qui me rappellera mes longues sorties humides de ce genre, que j'affectionnais pourtant, à une époque maintenant révolue... Le retour s'effectue le long de la Moselle, sur une piste cyclable, sécurisante à première vue mais dangereuse à mon sens vu la densité de cyclistes (et encore nous n'étions que 5000...) et les trop nombreux changements de direction aux abords de la ville. Trempés que nous étions en arrivant sous notre tente qui elle-même était trempée... Là, ifaut pas traîner pour se changer et prendre un truc bien chaud bien que l'on soit en juillet. La douche, ce sera pour plus tard car dehors il pleut encore et les douches du camping fédéral ne sont pas couvertes. Hé oui, en été, normalement, il fait beau... Malgré tout, contents de notre sortie. Ce soir, on va bien dormir, d'ailleurs la grosse majorité des cyclos de la SF est au lit de bonne heure et les campings sont généralement calmes sauf peut-être aux moments incontournables des apéros. Bilan de la journée, 63 km, 3h30, je progresse.
Mercredi 26 juillet : 3ème sortie. Aujourd'hui, il fait meilleur, on a le droit au soleil et c'est tout de suite nettement mieux. Le circuit proposé vers le Sud-Est est plus sympa, tant au niveau des routes qu'au niveau du dénivelé. Tout baigne, on se sent pousser des ailes mais je n'oublie pas que le vent nous aide et que tout à l'heure, ce sera sûrement une autre musique... A la pause déjeuner qui tardait à arriver, un petit bistrot nous tend les bras, un moment très convivial où les échanges sont toujours très riches à mon sens, humainement parlant. Et la Bretagne, et les bretons que nous sommes, sont particulièrement appréciés. Des points accueils sont aussi organisés le long du parcours mais il y a généralement foule. Les petits commerces permettent de varier les plaisirs, de rencontrer et partager avec les autochtones. Le retour est plus dur, le vent..., plus long, les rencontres... Juste avant le dernier point accueil, MC me signifie « qu'on ne traîne pas trop »... Au final, plus d'une heure d'arrêt, on y a retrouvé beaucoup de connaissances et assis au soleil une bière à la main, c'est quand même très agréable... On boucle le circuit du jour en compagnie de notre copine Gilberte de Laval, le long de la Moselle, sur une voie cyclable, un peu monotone, trop fréquentée et pour cause. Au final, 79 km, 4h et mal aux fesses...
Jeudi 27 juillet : Traditionnellement, la journée du jeudi est la journée de repos durant la SF. Enfin, pas exactement, c'est plutôt la journée « Pique-nique » avec un seul petit circuit pour un aller-retour au lieu du ravitaillement. Mais la contrepartie du repos du guerrier est qu'il y a généralement foule. Pour nous, ce sera visite à pied du centre de Nancy en compagnie de notre copine Gilberte en y allant en train, c'est pratique le train, non ? Difficile de passer à côté de la place Stanislas que je n'avais jamais foulée. Une belle journée mais pas de tout repos...
Vendredi 28 juillet : Aujourd'hui, c'est décidé, ce sera repos... La météo nous aide dans notre choix, nous optons pour une « visite » du village fédéral que l'on appelait auparavant « La Permanence ». On y passe facilement du temps à flâner autour des différents stands, le saucisson, le fromage et les vins rivalisant sérieusement avec les différents vélos et accessoires de la bicyclette... Et on y rencontre facilement des connaissances surtout en ce jour où dehors c'est humide. J'ai pu ainsi discuter plus d'une heure avec beaucoup de plaisir et sans aucun effort avec Michel Cabart, l'organisateur du PPL, lui qui m'avait « embarqué » sur cette expédition, ce périple en 2012. Il y a également la buvette qui fait toujours recette même les jours de pluie. Cette année, un bracelet électronique personnel facilite les paiements mais aussi le commerce...
Samedi 29 juillet : 4ème sortie, direction le Nord-Est ce jour. Motivés mais un peu fatigués quand même. Discuter, mine de rien, c'est une dépense d’énergie... Alors, on y va cool. Cela tombe bien car on rattrape Patrick, notre Président du Corep Bretagne, un ancien du PPL avec qui je partage d'excellents souvenirs. Il est en famille, MC connaît également très bien son épouse Catherine pour avoir été ensemble à vélo à Vienne, et même plus loin en Hongrie, à notre rencontre. Patrick a un peu de mal, ce n'est pas le poids des années mais plutôt le poids de ses petits-enfants dans la remorque attelée à son vélo... Nous roulons de conserve un moment, c'est moi qui étonnamment discute le plus car c'est un grand bavard, il est vrai qu'il a du mal à respirer dans les cotes... Nous les retrouverons en fin de parcours avec d'autres amis du PPL, et il n'y a pas que les petits qui sont fatigués... Au final, un circuit plaisant mais un peu usant, surtout avec ce petit vent contrariant, et une superbe vue pour finir sur PAM depuis la petite commune de Mousson qui surplombe la grande ville. 82 km, 4h30. On va bien dormir.
Dimanche 30 juillet : Le matin du 2ème dimanche d'une SF, c'est le bouquet final, c'est le défilé costumé à vélo des participants, les volontaires, sous la bannière des comités respectifs. La Bretagne n'est jamais en reste, plus grand comité de France, et au-delà de cela, c'est un moment très festif. De plus, la ville organisatrice passe le flambeau à celle de l'année suivante et pour 2024 ce sera Roanne. Les villes sont choisies quasiment trois ans à l'avance car c'est une très grosse logistique à mettre en œuvre. Pour nous, on profite de l'éclaircie matinale pour plier la tente et boucler les bagages.
Au final, la semaine est passée très vite, trop vite. On aurait aimé faire plus de vélo, voir plus de monde, qu'il fasse plus beau...mais nous en ressortons très contents. J'espère avoir suscité chez vous l'envie de découvrir, de vivre une SF. Alors je vous donne RDV à Roanne, l'année prochaine.
Michel.