Le choix d'un cuissard
Interview de Glen Mc Kibben, chef produit équipement du cycliste chez Mavic
Quels sont les points essentiels à déterminer pour choisir le bon cuissard ?
Il faut déjà cibler le type de pratique (randonneur, cyclosportif, coursier, vététistes etc ..) car des gammes existent pour chacun.
L'autre point, c'est le lieu géographique où l'on se pédale régulièrement. Un modèle trop aéré sera mal adapté si vous habitez une région où la météo est plutôt fraîche et à l'inverse, des cuissards, dont la ventilation n'est pas le point fort, deviendront inconfortables si vous avez l'habitude de rouler par forte chaleur
La morphologie du cycliste est elle une composante de ce choix ?
Il faut, dans la mesure du possible, essayer avant d'acheter. Et surtout se mettre dans la position cycliste, penché pour voir comment se comporte la tenue, car debout, cela donne aucune indication. Si le cuissard remonte au niveau des cuisses, c'est que la taille essayée est trop grande. A l'inverse, si les bretelles rentrent trop dans la peau que les cuisses sont trop serrées et que vous vous sentez à l'étroit alors la taille choisie est trop petite. Quoi qu'il en soit, il faut toujours se mettre en situation car en statique, debout, votre jugement sera complètement faussé
Si je suis pratiquant occasionnel, ou à l'inverse un cycliste qui se lance dans les grandes distances, quel type d'insert dois je privilégier ?
Le confort et l'amorti sont à privilégier dans le cas des pratiquants occasionnels, ceux qui font des longues distances prendront un modèle avec une densité plus importante mais qui aura moins tendance à s'écraser sous le poids du cycliste
L'arrivée des selles en carbone et des modèles de moins en moins rembourrés a t'elle eu une influence sur les choix des cuissards ?
Oui, indéniablement. La recherche du confort se fait désormais sur le cuissard. On note aussi que certaines selles aux coupes agressives abîment le textile au niveau des zones de frottement, sur les cuisses
Pour les femmes, quelles sont les différences techniques que l'on trouve dans un cuissard (notamment au niveau de l'insert) par rapport aux hommes ?
S'il y a bien un produit où il faut faire attention c'est le cuissard. Le positionnement de l'insert et sa forme seront totalement différents car l'anatomie féminine n'a rien à voir. Toutes les marques ont d'ailleurs une collection femmes bien développée pour répondre à ces attentes.
Avec ou sans bretelles ?
A voir mais de notre point de vue, ce n'est pas pratique, surtout s'il faut s'arrêter pour satisfaire des besoins naturels
Comment l'entretenir pour que les propriétés du cuissard soient conservées dans le temps ?
Y a t-il une durée de vie limite ?
Comment savoir que l'insert n'est plus performant ?
Il faut bien respecter les consignes de nettoyage spécifié sur le cuissard. Le lycra n'aime pas la chaleur donc si on fait un lavage à trop forte température, le produit sera détérioré. Il faut mieux laver à froid et à la main pour le préserver dans le temps. C'est un facteur essentiel pour la durée de vie.
De même, rouler avec une selle brodée ou ayant des zones abrasives pourra abîmer rapidement le modèle.
Comment expliquer la différence de prix entre des modèles à 200 € et d'autres qui valent moins de 100 € ?
La différence est liée au choix du matériau pour fabriquer le modèle haut de gamme. La fibre sélectionnée sera souvent plus confortable avec une construction plus ergonomique et ces modèles auront la capacité de mieux évacuer la transpiration. Au niveau de l'insert, il peut aussi être plus technique, en tout cas répondre à des demandes plus spécifiques. Ensuite, c'est aussi une foule de petits détails comme le choix de la bande élasthanne pour maintenir le cuissard sur les cuisses, des petits logements zippés de rangements, etc ...
Noret, l'exception française
Depuis plus de 60 ans, la société Noret fabrique des vêtements cycliste en Bretagne et n'a jamais dérogé à cette règle. Entreprise familiale, elle fait mieux que résister aux grandes marques internationales. Nicolas Bonenfant, directeur commercial, nous explique sa vision pour fabriquer un bon cuissard
Techniquement, qu'est ce qui est le plus difficile à faire dans la fabrication d'un cuissard ?
Clairement, c'est la mise en place de la peau de chamois ou de l'insert sur le fond du cuissard, qui est une opération très délicate. Mal posée, ne serait ce qu'un décalage de 0,5 com et c'est un risque d'inconfort et de blessure qui peut arriver. On porte donc une attention toute particulière à cet aspect
Malgré le fait que vous fabriquiez en France, vos modèles de cuissard haut de gamme ne dépassent pas les 100 €, comment faites vous pour être aussi compétitif ?
Nous réduisons simplement notre marge pour pouvoir proposer des produits adaptés au budget de nos clients. Ceci sans rogner sur la qualité du lycra employé ou la technicité de l'insert du fond de cuissard
Certaines selles peuvent elles abîmer le cuissard ?
Oui on remarque que les selles qui ont une coupe agressive avec des bords effilés ou un bec pointu ont tendance à user le cuissard plus rapidement. De même que celles qui sont brodées, l'usure intervient beaucoup plus rapidement. Cela sera d'autant plus vrai que la densité de lycra utilisé est faible. C'est un paramètre à prendre en compte quand on choisit un cuissard